Crédit photo: Oscar B. Castillo

Fik's Niavo (Olivier Wonya), artiste musical et citoyen actif a grandi et joué aux Ulis.

Attaché au club, à la ville et engagé associativement, Fik's Niavo vient de sortir un nouveau clip "Bilan 2017" et prépare la sortie d'un nouvel album ainsi qu'un documentaire...

Benoit Duarte : "Salut Oliv', tu es sur tous les fronts; musique, politique, documentaires, t'es un militant au quotidien, c'est quoi le message que tu veux faire passer ? "

Fik's Niavo : "Salut Benoit, mon message est très simple, c'est l'auto-détermination, savoir que nous sommes tous capables de faire de belles choses, dans n'importe quel domaine, malgré les obstacles que la vie nous présente, tout en refusant la victimisation."

BD : "Bientôt 20 ans de carrière musicale (UL'TEAM ATOM 1999), comment on fait pour durer ?"

Fik's Niavo : "être passionné.  Toujours à l'écoute de ce qui se fait mais en gardant ses bases; sans compromis. Je suis plus intéressé par mon contenu artistique que par les chiffres ou les nombres de vues."

BD : "Pourquoi être artiste indépendant, et pas dans un label reconnu ? n'est ce pas un frein à la réussite ?

Fik's Niavo : "La réponse est dans le début de ta question. Je suis quelqu'un d'indépendant et libre et lorsque des gros labels m'ont approché, aucun ne me garantissait ma liberté artistique. Tu as bien écouté mon dernier morceau "Bilan 2017" et je doute qu'aucune maison de disque ne l'ait validé! (rires) et puis a l'heure du numérique chacun est capable de gérer ces affaires de A à Z sans trop d'intermédiaire."

BD : " Ton actualité, c'est d'abord le single 'bilan 2017' qui comme chaque année te permet de faire les comptes... tu fais une allusion au High Kick de Patrice (Evra), t'en as pensé quoi ? "

Fik's Niavo : " Tout d'abord, Patrice c'est un des plus gros palmarès du sport français. Bien que je ne cautionne pas son geste, j'aimerais savoir ce que des pseudos-supporters faisaient au bord d'un terrain de football en pleine coupe d'Europe ? ... Tonton Pat a craqué, il n'aurait pas dû, mais pour moi, ça restera ce gamin des Hautes Plaines qui était au-dessus du lot balle au pied quand on était jeunes, et qui apporte tant à notre ville."

BD : " T'as aussi d'autres projet en cours, un nouvel album, un documentaire, je crois ? "

Fik's Niavo : " Effectivement, l'album s'appelle "Feuille Blanche, Encre Noire" et il devrait sortir fin d'année 2018. Pour le documentaire, c'est une grosse surprise, on travaille dessus en ce moment et on en reparle très bientôt, promis!  "

BD : " Et l'actualité du label Kartier Général ?  "

Fik's Niavo : " Nous préparons le projet de mon associé Templar (ex-Ulteam Atom) pour le printemps 2018 et bien entendu le fameux documentaire dont je ne peux pas parler pour l'instant! (rires) "

BD : " Parmi nos jeunes footballeurs, j'en connais quelques-uns qui s'essaie au Rap, t'as des conseils à leurs donner ? "

Fik's Niavo : " Je leur conseillerai de privilégier les études, de rester concentré sur leur foot, et de garder le rap comme un loisir. Si il s'avère que c'est plus qu'un loisir pour eux, il ne faut alors pas qu'ils hésitent à aller de l'avant. Les réseaux sociaux peuvent servir de thermomètre en terme de buzz et parfois pour évaluer leur niveau. Mais malgré tout ça reste beaucoup d'appelés très peu d'élu, il faut garder ça en tête "

BD : " Accroché à ta ville, ton quartier, comment tu expliques d'être autant imprégné ? »

Fik's Niavo : " Je pense que le fait que les Ulis soient isolés géographiquement a développé en nous un attachement particulier à cette ville. On était loin de tout, on n’avait pas grand-chose, mais on était ensemble, donc ce n’était pas si grave. De plus, tout était décuplé. On adorait les gens qu'on aimait bien et on détestait ceux qu’on n’aimait pas. Il se trouve que j'aimais pas mal de gens là-bas, je suis donc attaché à la ville mais aussi et surtout à pas mal d'Ulissien.e.s.  "

BD : " Régulièrement dans tes morceaux, tu parles foot, t'as même un morceau dans l'album Jeunes Vétérans 2.0. qui s'appelle C.O.U., avoues que t'es nostalgique de tes années au club ;-), tu parais très fier de ces réussites... comment tu expliquerais cela ? "

Fik's Niavo : " Je peux l'expliquer facilement, car lorsqu'on était jeunes, dans tous les quartiers des Ulis, il y avait des mecs extraordinaires niveau foot. Quand j'allais dans d'autres départements chez mes cousins, et que je leur disais que le niveau du foot aux Ulis était largement au-dessus de la moyenne, tous rigolaient et me traitaient de chauvin. Puis Titi (Henry est arrivé. Pat (Evra) a suivi, Anthony Martial, Moussa Maréga, Sega Keita, Yaya Sanogo, Jules Iloki, Bilel Moshni et beaucoup d'autres ont repris fièrement le flambeau, sans compter ceux qui jouent à haut niveau à l'étranger ou en National. Pour une ville de 26000 habitants c'est pas mal hein! (rires)  D'autant que tous viennent de nos quartiers HLM et ont donc côtoyé les mêmes boulangeries, les mêmes écoles et les mêmes terrains synthétiques que nous... Ils font donc partis des nôtres à jamais!!!  "

BD : " Tu suis l'actualité liée aux Ulis notamment celle liée au COU Foot, t'es même régulièrement au Stade pour voir les matchs important de l'équipe première, t'en penses quoi de notre équipe phare ?"

Fik's Niavo : " Extrêmement fier de leur parcours. c'est bien que le club se soit ouvert à d'autres joueurs de la région Parisienne... Qui aurait cru il y a 20 ans qu'on se déplacerait dans le club des Ulis parce que c'est l'endroit ou il faut être !!! Je suis tous les résultats comme un dingue ! "

BD : " Comme tu le vois, on a fait notre bonhomme de chemin, dans toutes les catégories, t'en penses quoi de ce qu'ON est devenu ? "

Fik's Niavo : " Encore une fois je suis extrêmement fier. Lors d'une de mes dernières saisons, en 96 ou 97, les installations n'étaient pas au niveau. Notre équipe première était moyenne et la réputation du club était tout autre ! (rires) Ça a changé du tout au tout depuis ! "

BD : " En citoyen pleins de bonnes idées, t'aurais des conseils à nous donner pour continuer d'évoluer dans le bon sens ? "

Fik's Niavo : " Je tiens à applaudir ton travail et celui de Mamad, Wally B., Tshimen, Fabrice, Youssef et de nos éducatrices et éducateurs du reste du club, car tout cela paye. Dans un endroit comme les Ulis, c'est important que nos jeunes aient face à eux des interlocuteurs du cru, qui sachent leur parler et les motiver. Mon seul conseil est de rester comme vous êtes car vos méthodes fonctionnent et font du bien à la ville . "

BD : " Au COU Foot, notre première mission c'est d'encadrer des jeunes, quand tu entends que les adolescents sont différents que ceux que nous étions t'en penses quoi ? "

Fik's Niavo : " Je pense que la société a évolué, et donc les jeunes aussi. Mais c'est grâce au travail de gens comme vous que les réponses aux problématiques des jeunes d'aujourd'hui sont assez bien gérées. Il y a 20 ans, je trouvais qu'il y avait parfois un manquement à ce niveau-là. C'est la raison pour laquelle je suis parti des Ulis pour d'autres clubs. "

BD : " Dans ton émouvant reportage 'Allo Marianne Bobo', le manque de mixité sociale et d'intégration est mis en avant, nous avons connu cela par le passé au COU Foot, mais nous accueillons maintenant de nombreux jeunes d'Orsay, de Gif, de Limours... C'est pour nous une réussite, t'en penses quoi ? "

Fik's Niavo : " Je suis ravi de voir que les villes se mélangent, il était important de casser ces frontières et les clichés négatifs de l'époque et d'enfin apprendre à voir ce qui est bon chez l'autre. Qui que tu sois, si tu portes le maillot des Ulis, tu nous représentes. "

BD : " Dans les sujets de société, l'égalité homme-femme' . Au COU Foot, on essai de développer le football féminin, sport collectif  permettant à l'individu de s'affirmer au sein d'un collectif, vecteur selon nous d'égalité des sexes, t'en penses quoi ?"

Fik's Niavo : " Comme pour les villes limitrophes, l'ouverture ne peut être que bénéfique. J'invite tout le monde à aller voir l'équipe féminine des Ulis jouer, outre son bon niveau, c'est une belle image de ce qu'est la France en 2018, et je suis fier de cette équipe. "

BD : " Jeune, tu étais passionné  par le foot, tu jouais sur la dalle aux amonts, puis au COU Football, quels sont tes meilleurs souvenirs de footballeur ?"

Fik's Niavo : " J'ai un milliard de bons souvenir de foot aux Ulis, les matchs inter-Quartiers commençaient à 10h et se terminaient à la nuit tombée... il y avait des paris, des tournois avec des Pizzas à gagner etc c'était la colo' permanente (rire) mais je le dis et je le répète: il y avait du niveau de dingue et à tous les postes !!!
Mais mon plus gros souvenir de foot aux amonts particulièrement, c'est Fabrice Jeannot et Willy Mariette. Jeannot c'est le plus grand footballeur non-professionnel que j'ai vu jouer de mes yeux, en plus d'être un grand frère qui nous obligeait à jouer au foot plutôt que de traîner dehors. Et Willy Mariette était un super gardien de but, mec en or, même si il a quand même réussi à nous faire détester le PSG  à l'époque tellement il nous bassinait avec ça quand on était gamins! (rires)   "

BD : " Tu jouais quel poste ? "

Fik's Niavo : " Milieu de terrain en club et Attaquant au Quartier (rire) "

BD : " Maintenant que tu es papa, quel est l’impact de ce changement dans ta vie professionnelle et personnelle ?"

Fik's Niavo : " Ça change tout, ça donne une autre dimension à ma vie. J'apprends plus de ma fille qu'elle n'apprend de moi ! "

BD : " Être papa change t’il ton regard sur l’école, la vie en général ? Quel regard portes-tu aujourd’hui sur l’école ? "

Fik's Niavo : " J'ai toujours été conscient des difficultés liées à l'école, mais se plaindre pour se plaindre n'est pas dans mon ADN. On essaye de faire évoluer les choses à notre humble niveau, on intervient dans les Collèges et Lycées difficiles dans tout le pays; on fait des documentaires comme "Allo Marianne Bobo", aujourd’hui j'ai encore contact avec quelques anciens profs de l'Essouriau, je côtoie des sociologues ou professeurs d'universités par exemple on échange énormément pour essayer de faire évoluer le truc... mais bien entendu, l'école a une place très importante dans la vie des enfants, et malheureusement, les lacunes sont nombreuses... "

BD : " En 2019, tu fêteras 20 ans de carrière et t'auras 40 ans, l'âge de raison, comment tu te vois dans les années à venir ?"

Fik's Niavo : " Posé, avec femme et enfants, toujours dans le Hip-Hop, surement plus derrière un Mic, mais derrière une caméra pour ne faire que de la réalisation le plus longtemps possible si Dieu me prête vie! j'ai un tas de sujet à traiter et de manière très original mais chut (rires) "

BD : " Et la vie politique, tu penses y revenir ?  (Ndlr : A mené une liste aux élections municipales de 2010) "

Fik's Niavo  : " Beaucoup me le demandent et me sollicite. A l'heure actuelle la réponse est NON, car tu sais, je cherche juste à être utile; pas à être important. "

BD : " Quel est ton titre préféré (une chanson écrite par toi) ? "

Fik's Niavo : " Racine "

BD : " Quels sont les chanteurs qui t'on inspirés ? "

Fik's Niavo : " Beaucoup, mais si je devais n'en choisir que deux, TUPAC et NAS "

BD : " Et en ce moment, qu'est-ce que tu écoutes  ? "

Fik's Niavo : " Toutes les musiques m'interpellent je reste assez ouvert mais en général je retombe toujours sur un bon SADE, quoi qu'il arrive (rire) "

BD : " Le dernier pays visité ? "

Fik's Niavo : " La République Démocratique du Congo, il y a 1 an et demi "

BD : " Ton plat préféré ? "

Fik's Niavo : " Poulet, manioc (chikwangue), oignons et piment "

BD : " Ta boisson préférée ? "

Fik's Niavo : " Bissap "

BD : " Ton joueur préféré ? "

Fik's Niavo : " Thierry Henry, suivi de près par Georges Weah ."

BD : " L'élection de Georges Weah à la présidence du Libéria t'inspire quoi ?"

Fik's Niavo : " L'accomplissement d'une vie d'homme et je lui souhaite la réussite total pour le Liberia et pour tout le continent africain. J'ai été un gros fan du joueur qui a fait plus que le maximum pour les infrastructures sportives ou l'implication sociale chez lui. Malheureusement je ne me fais pas trop d'illusions surtout quand on sait que sa vice-présidente n'est autre que Jewell Howard Taylor (l'ex-femme du dictateur Charles Taylor ex président du Libéria), Perso je ne suis pas dupe mais regardons quand même ce que l'avenir nous réserve. "

BD : " Ton équipe préférée, c'est toujours l'ASM ? "

Fik's Niavo : " J'ai décroché de l' ASM après la génération Evra/ Giuly /Rothen etc je trouvais que ce club ne me parlais plus.Mais attention ça reste mon club de cœur depuis 1988 et le hasard a fait que Henry, Evra et Martial y soit passé. Je n'oublie pas que Alexandre Céleste du COU y a jouer mais il n'a malheureusement jamais pu intégrer le groupe pro, son grand frère est un de mes meilleurs amis. Et actuellement j'ai mon neveu qui y joue avec les U15 Nationaux là-bas, je lui souhaite le meilleur. Et je suis toujours leurs résultats.
Aujourd'hui je reste attentif au PSG non pas grâce au Qataris mais parce que aujourd'hui des jeunes de l'Ile-de-France ont leur chance aux côtés de méga star  ce qui n'était pas vraiment le cas jadis, et parce que certains groupes de supporter facho ont enfin été dissous.
Et pour finir, j'ai une petite confidence, je n'ai jamais détester L'OM (Rires) #GenerationTapiePapinWaddleBoli ahahahah  "

BD : " Le but que tu rêverais de marquer ? "

Fik's Niavo : " Un ciseau retourné "

BD : " Ton geste favori au foot ? "

Fik's Niavo : " Un contrôle orienté à la Dennis Bergkamp.   "

BD : " Ton meilleur souvenir au football ? "

Fik's Niavo : " 12 juillet 1998 parce qu'un mec du quartier soulève la coupe du monde "

BD : " Ton meilleur souvenir d'Homme ? "

Fik's Niavo : " Mon mariage et tout ce qui en a suivi... "